Anonymat, prête nom et fiche bristol (3)
Pour en revenir à cette fameuse pudeur, je ne sais d’ailleurs toujours pas comment passer outre cette fabrication toute saugrenue de nos sociétés hyper symbolique. Parce que ne nous mentons pas, cette façon honteuse ou vertueuse d’aborder les choses, c’est uniquement une histoire de symboles, bien souvent tout pourris, que nous impose au fil du temps notre famille, nos amis et même, jusqu’à l’âge adulte, nos collègues de boulot. Une belle entreprise commune d’enterrement du naturel, comme seule notre espèce en est capable, jamais vraiment productive, toujours dans le mauvais sens. Une tare…
Heureusement, comme a chacune de ces pressions ajoutée par cette factice conditions d’être élevé par l’éducation comme nous sommes, l’Homme, ou la Femme, comme vous voulez, a trouvé des parades afin de contourner ce que lui même a mis en place. Alors, pour l’écriture, et pour ménager cette sensibilité, il existe l’anonymat, l’écriture sous un faux nom, la manipulation historique mineure qui se traduit par le travestissement des noms et prénoms des acteurs du récit qui nous intéresse. Encore une fois, obligé d’user de ces jeux de miroirs déformant pour déballer, régurgiter, étaler ou chuchoter le bien et le mal qui se trouve tapis au fond de notre véritable personnes. Parfois même, ça tourne à l’absurde, puisque deux individus peuvent échanger de vaines paroles, pendant un temps infini, pour échanger ce qu’il entendent depuis le début, mais avec des mots choisis, pour ne pas maltraiter une situation, un ego ou bien une dignité aussi fictive que l’honneur ou autres valeurs bien souvent évoquées. Du coup, en tenant compte de ces derniers paramètres je suis un peu écrasé sous le poids de la tâche. Tout d’habord si moi même je change de nom, mais que par une volonté de partage je venais a dévoiler les écrits a une connaissance, proche ou lointaine, peu importe, je cours le risque que le masque tombe, et que, bien malgré moi, j’arrive un jour devant la cour intérieure du jugement de cette personne. Donc, moi seul, ce changement de nom, ne servirait à rien. La clé, peut être, ce serai de donner des noms, des sexes, des apparences différentes aux personnes que je pourrais ici mettre en lumière. Mais est-ce que ça marche ? On partirait donc sur du synthétique, cent pour cent et la, le fil du réel est perdu. Comment tenir ensuite, une trame sérieuse de récit,garder une logique, alors que ce que je raconte ne se base plus sur grand chose de concret. Un temps, j’avais penser à utiliser des fiches bristol. Sur chacune aurait été inscrit les caractéristiques de chacun de mes personnages, de la couleur de ses yeux, ses préférences alimentaire, les traits principaux de leurs caractères, et même, par nécessité, leurs propre passé. Et bim ! C’est un récit dans le récit qui se dévoile. A ce moment précis, je comprends le sens de l’expression, bâtir un roman, car il faut pour bien faire, passer des fondations au toit, en passant par chaque étage. Autant dire tout de suite d’ailleurs, que ce n’est plus une seule maison, mais tout un village, voir même un monde, qu’il faut dans cette petite tête mettre en place. Ok, il va me falloir du papier, ce n’est heureusement pas le plus coûteux. J’en ai a loisir, l’encre lui même ne manqueras pas.
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